La grève de Buckingham
Journal Le Temps du 11 octobre 1906

Le 11 octobre 1906, p.5

LA GREVE A BUCKINGHAM

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De nouveaux mandats d'arrestation sont émanés

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REPRISE DES TRAVAUX

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Les militaires protègent des ouvriers au travail

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Les derniers développements dans l'affaire de Buckingham sont que M. l'avocat Foran, de la société Foran et Rainville, de Hull, a été adjoint à M.M. Lamontagne et Leduc pour la défense des ouvriers impliqués dans la grève.

Il a préparé et fait signer ce matin devant le juge Talbot sept mandats d'arrestation contre les sept accusés qui ont comparu hier à Hull devant le magistrat Saint-Julien. Mais le juge Talbot n'a signé ces mandats qu'avec l'entente qu'ils ne seraient pas exécutés tant que le verdict du coroner n'aura pas été rendu.

On disait sur la rue hier qu'une entente était intervenue au même effet entre les avocats des demandeurs et des défendeurs, mais M. Yvon Lamontagne, l'avocat des grévistes a nié l'existence d'aucune telle entente, et qu'il entendait pousser les procédures aussi vite que possible.

LES TRAVAUX RECOMMENCE

Buckingham, 11. – A 1 .30 heures, hier après-midi le travail du halage des billots a été repris. Cinquante militaires, vingt-cinq cavaliers armés et le fameux canons Maxim protégeant les travailleurs. Pas un seul coup de feu n'a été tiré et pendant trois heures une vingtaine d'hommes sous la protection des mousquets, ont brisé le barrage de billots qui menaçait d'interrompre la navigation sur la rivière du Lièvre. Ce travail a été continué ce matin. La paix étant à peu près rétablie le lieutenant-colonel Hodgins a décidé hier soir de retirer une partie des miliciers et à 7.45 heures, dans la veillée cinquante miliciens se sont embarqués pour Ottawa. Le major Morrisson était en charge des soldats retournant dans la capitale. Les autres miliciens demeureront ici jusqu'à demain soir. Les dragons et la cavalerie de Saint-Jean resteront ici jusqu'à la fin du mois. On attend cet avant-midi un détachement d'infanterie de Toronto.

MM. Albert et Alexandre MacLaren, le maire Vallilée, le chef Klérman, l'huissier Cummings, James Kierman, James Cameron et Phil. Fournier sont revenus de Hull hier soir.

Maitre Yvon Lamontagne, agissant pour les grévistes, dit qu'en dépit du peu de succès des premières mesures prises contre les personnes plus haut nommées, il ne se déclare pas pour battu, et que sitôt l'enquête du coroner terminée, il portera, s'il peut le faire, de nouvelles plaintes contre les frères MacLaren et autres. Il avait l'intention d'assermenté de nouvelles plaintes aujourd'hui, mais à la demande expresse de l'assistant procureur-général Lanctot et du chef McCaskill, il a été décidé que des deux côtés, les procédures seront suspendues jusqu'à la fin de l'enquête.

On commente ici très défavorablement l'action du shérif Wright qui, au lieu de conduire les frères MacLaren à la prison du comté, est allé les loger dans de magnifiques appartements à l'hôtel Russell et l'on ajoute qu'Il y eut même une petite fête dans la veillée.

Aux quartiers des grévistes on ne savait pas hier matin, que le débarrage de la rivière par les billots commencerait hier midi. Aussi quand hier midi les clairons sonnèrent appelant en ligne tous les militaires, il y eut dans la ville beaucoup d'excitation. On cru de suite que les grévistes et la troupe allait en venir aux prises, et de toutes parts la foule accourut. Celle-ci apprit alors ce dont il s'agissait, et quand les soldats se mirent en marche pour se rendre à la rivière, la foule, comprenant grévistes, femmes et enfants suivirent, puis se tenant à distance assistèrent au travail de la mise en marche des billots. A 4.30 heures le travail fut ajournée à ce matin.

L'honorable Rodolphe Lemieux et le procureur de la couronne, maitre Guérin sont attendu ici à onze heures cet avant-midi. M. J. Bélanger, de Montréal, frère du malheureux gréviste est arrivé pour les funérailles.

L'APPEL DE LA MILICE

Buckingham, 11. – Une réunion des contribuables de Buckingham a eu lieu hier après-midi sous la présidence de M. W. H. Kelly.

L'objet de cette assemblée était de rechercher qui avait appelé la milice et qui des contribuables ou de la compagnie McClaren aura à payer les dépenses.

M. Lamontagne demanda de nommer un comité chargé de rechercher à qui incombe la responsabilité d'une telle mesure “Si les soldats, dit-il, avaient été appelés par trois juges de paix dont l'un doit être le maire de la ville, les contribuables auraient à payer les dépenses, mais il n'en a pas été ainsi. Nous n'avions nullement besoin d'un déploiement de forces dans notre ville, car les hommes avaient été tranquilles pendant plus d'un mois et ont été poussés à bout par la bassesse des auteurs de cette affaire… - applaudissements.

M. Lamontagne était d'avis qu'une pétition demandant le rappel des troupes soit envoyée au gouvernement.

Un comité chargé de faire les recherches nécessaires fut nommé et un télégramme envoyé au ministre de la milice demandant qui avait donné l'ordre de rasasembler des soldats à Buckingham.

Le Temps, d'Ottawa, du 11 octobre 1906, #19, 0513 P050-M221, collection de la ville de Gatineau.