Ce texte est un hommage à la famille Laurin qui est une famille pionnière du canton de Templeton.
François Lorrain (Laurin), fils de François Amable Lorrain et de Marie Louise Dépocât, est né le 21 mai 1797 à Saint-Martin, Île Jésus (Laval). Il épouse Marie Lorrain, fille de Joseph Lorrain et de Marie François Martin, le 11 février 1817 à Saint-Martin, Île Jésus. Le couple a eu une dispense du quatrième degré de consanguinité du grand vicaire Roux.
Afin de simplifier ce texte, j'utilise seulement le nom de famille Laurin même si le nom de famille Lorrain était également utilisé.
Marie donne naissance à neuf enfants dont deux enfants décèdent en bas âge avant que la famille s'installe à Pointe-Gatineau vers 1830. François, fermier, acquiert certains morceaux de terre de la famille Wright. Ces terres situées dans le rang interrompu en front1 à Pointe-Gatineau sont les lots numéro 1, 2 et 10 pour un total approximatif de 27 acres au prix d'un peu plus de 95 livres et d'une rente annuelle de 5 livres, 14 shillings et 15 pennies.
Marie donne naissance à sept autres enfants à Pointe-Gatineau ce qui signifie que Marie a mis au monde 16 enfants en 26 ans.
Au recensement de 1841, on mentionne qu'il loue une terre de 36 acres, probablement l'une de la famille Wright et qu'il cultive du blé de froment, de l'avoine, des pois et des patates. De plus, il a produit 60 livres de sirop d'érable. La famille possède 6 bêtes à cornes, 4 chevaux, 21 moutons et 3 porcs.
Lors de l'arrivée du curé Ginguet le 10 février 1847, François et son épouse Marie hébergent pendant un certain temps le curé Ginguet. En 1851, la famille semble diversifier ses cultures en plus de cultiver du blé, de l'avoine, des pois et des patates, elle cultive de l'orge, du blé de sarrasin, du lin ou du chanvre et fait pousser du foin. La famille possède deux vaches laitières, deux bœufs, un veau, sept chevaux, onze moutons et trois porcs. Le recensement de 1861 indique que François demeure sur le lot numéro 10 du rang interrompu en front de Pointe-Gatineau. Ce terrain de 50 arpents est évalué à 1 000 $ et il cultive principalement de l'avoine, du blé, des pois et du foin. Il possède trois vaches laitières, trois chevaux, un poulain et deux porcs.
François s'implique en politique municipale alors qu'il a probablement été le premier maire francophone de la municipalité du canton de Templeton en 1859 et on le retrouve conseiller municipal de 1861 à 1865 et par la suite de 1868 à 1869.
Alors qu'il est conseiller municipal, son épouse, Marie Laurin, décède le 27 octobre 1862 à Pointe-Gatineau à l'âge d'environ 67 ans. Elle est inhumée dans l'église le 29 octobre.
Au cours des années, François a acquis plusieurs terrains à Pointe-Gatineau qu'il va par la suite vendre ou donner au gré des années.
Au recensement de 1871, il est propriétaire de 300 arpents de terre, il possède 6 chevaux. 6 vaches laitières 5 autres bêtes à cornes ainsi que 14 moutons et 8 porcs. En plus de cultiver du blé, de l'avoine, etc., il a récolté 30 livres de tabac et produit 18 livres de sirop d'érable.
Le 13 juillet 1877, François vend à Ludger Latour, journalier de Pointe-Gatineau, un morceau de terre faisant partie du lot numéro 3 du rang interrompu en front du canton de Templeton (secteur de Pointe-Gatineau). Cette terre de 45 pieds de large par 80 pieds de profondeur est vendue pour la somme de 100 piastres. Le 12 juillet 1882, François donne à sa fille Marceline Laurin, veuve de Charles Duval, un morceau de terre faisant partie du lot numéro 4 du rang interrompu en front du canton de Templeton d'une superficie de ¾ arpent et d'une largeur d'environ 50 pieds.
Le 12 mars 1883, François Laurin et son beau-frère Dolphis Laurin passent devant le notaire Paul Thomas Desjardins. Dolphis, journalier, vend à François le lot numéro 121 d'environs ¼ d'arpent en superficie qui fait partie du lot numéro 1 du rang interrompu en front du canton de Templeton pour la somme de 100 piastres. Tandis que François vend à Dolphis une partie du lot numéro 232 qui est d'une largeur de 22 ½ pieds de large pour la somme de 100 piastres. L'année suivante, le 29 mars 1884, François vend à Maxime Bigras, père, le lot numéro 121 qu'il a acquis de son beau-frère Dolphis pour le prix de 125 piastres que Maxime Bigras va payer avec une rente annuelle et perpétuelle de 6 piastres par année.
En 1888, Marceline Laurin et ses enfants Duval réclament de François et de son fils François-Xavier la possession de la propriété du lot numéro 3 du canton de Templeton (connu en 1888 comme étant les lots numéro 31, 32, 33, 34, 35, 36, 37 et 38 de Pointe-Gatineau) ou encore sa valeur en argent. Comme ayant été la propriété du défunt Charles Duval. François conteste cette demande mentionnant qu'il a acquis la terre de Charles Duval il y a plus de 30 ans. Puisque personne ne peut prévoir le verdict du procès, le 9 avril 1888, ils conviennent que François verse un montant de 125 piastres en échange d'une quittance et que François règle lui-même les frais pour sa défense dans le procès.
Le 16 septembre 1888, François Laurin étant presque aveugle passe devant le notaire Paul Thomas Desjardins afin de rédiger son testament. Il donne tous ses biens meubles et immeubles à son fils François-Xavier qu'il nomme également exécuteur testamentaire. François Laurin décède le 21 juin 1890 à Pointe-Gatineau.
Lorsque François-Xavier fait la déclaration de décès le 13 septembre 1890 devant le notaire Paul Thomas Desjardins, on apprend ce que François possédait à son décès dont voici la liste : Les lots numéro 1, 2, 3, 4 et 10 (connu en 1890 comme étant les lots numéros 77 à 82, 110 à 141 moins une partie du lot numéro 141 donné à Marcelline Laurin, 142, 143, 145 à 148, 73, 86 et 103 dont une partie des lots numéro 101, 102 et 103 appartiennent à Dosithé Galipeau, les lots numéro 226 à 232 à enlever une partie du lot numéro 232 vendu à Dolphis Laurin et le lot numéro 233 du rang interrompu en front de Pointe-Gatineau.
Félicité Laurin, née le 6 octobre 1818 à Saint-Martin, Île Jésus. Elle est baptisée le jour même sous les prénoms de Mathilde Félicité. Elle épouse François-Xavier Duplessis dit Moreau le 6 février 1837 à Ottawa. Elle donne naissance à 15 enfants. Félicité et François-Xavier sont des pionniers du canton de Templeton et les ancêtres de nombreux politiciens de Pointe-Gatineau. Félicité décède le 4 mai 1855 à Pointe-Gatineau.
Joseph Laurin, né le 3 janvier 1824 Sainte-Scholastique, épouse Mary Ann Williams, fille de Daniel Williams et de Mary Clary, le 12 septembre 1848 à Pointe-Gatineau. Mary Ann donne naissance à au moins 10 enfants de 1849 à 1867.
Joseph achète 100 acres de terre, de la Couronne, la moitié nord du lot numéro 26 dans le rang I du canton de Templeton pour le prix de 25 livres. Il obtient la lettre patente de la Couronne le 26 février 1857. Joseph est conseiller municipal du canton de Templeton de 1873 à 1875. Il décède le 15 juillet 1888 à Pointe-Gatineau tandis que son épouse Mary Ann décède le 24 décembre 1898 à Pointe-Gatineau.
Marcelline Laurin, née le 1er septembre 1825 à Saint-Benoit, épouse Charles Duval, fils d'André Duval et Marguerite Dumas, le 26 septembre 1842. Marcelline donne naissance à 10 enfants avant que son époux Charles décède le 1er septembre 1861 à Pointe-Gatineau. Marcelline décède le 27 avril 1906 à l'hospice Saint-Charles d'Ottawa. Elle est inhumée à Pointe-Gatineau.
Son arrière-petit-fils, André Jean Duval, est connu sous le nom de Capitaine Duval et a navigué pendant 45 ans sur les rivières des Outaouais et de la Gatineau.
Sophie Laurin, née le 30 décembre 1829 à Sainte-Scholastique, épouse Henri Charrette, fils de Jean Henri Charrette et de Lucie Ammaringher (Marengère), le 3 juillet 1849 à Pointe-Gatineau. Elle donne naissance à huit enfants. Son époux Henri a été conseiller municipal du canton de Templeton de 1866 à 1867. Henri décède le 25 octobre 1875 à Pointe-Gatineau et Sophie décède le 8 août 1904 à Pointe-Gatineau.
François-Xavier Laurin, né le 27 octobre 1838, épouse en premières noces Zoé Roy, fille de Charles Roy et de Marie-Reine Séguin, le 16 février 1857 à Pointe-Gatineau. Zoé donne naissance à 11 enfants. Après le décès de Zoé le 30 janvier 1879, il épouse en secondes noces Marie Bouvier, fille de François-Xavier Bouvier et de Julie Henry, le 15 août 1882 à Pointe-Gatineau. Marie donne naissance à deux enfants. François-Xavier continue de vivre chez ses parents après son mariage jusqu'au décès de son père en 1890. Il hérite de tous les biens de son père. François-Xavier décède le 12 février 1911 à Pointe-Gatineau.
Jean (John) Laurin, fils de Joseph Laurin et de Mary Ann Williams, est né le 16 février 1857 à Pointe-Gatineau. Il épouse Mary Ellen Carroll, fille de John Carroll et de Bridget Lyons, le 13 octobre 1885 à Pointe-Gatineau. Mary Ellen donne naissance à 9 enfants, 3 garçons et 6 filles. John se présente aux élections municipales de Pointe-Gatineau de janvier 1886 et il est élu conseiller municipal. Le 14 janvier 1889, Jean est réélu conseiller municipal de Point-Gatineau. Jean ne se représente pas aux élections de janvier 1892.
Après l'annexion d'une partie de Pointe-Gatineau par la municipalité de Templeton-Ouest, Jean est élu par acclamation conseiller municipal de Templeton-Ouest en 1892. Il occupe le poste de conseiller jusqu'au 10 février 1902 alors que le conseil municipal le nomme maire de Templeton-Ouest. Au cours des années il va alterner entre conseiller municipal (1904-1908, 1910-1912, 1914-1916) et maire (1902-1904, 1908-1910, 1912-1914, 1916-1917). Il conserve son poste de maire jusqu'à son décès le 23 octobre 1917. Jean était également le préfet du comté d'Ottawa lors de son décès. Il a également été juge de la cour des commissaires du comté d'Ottawa. Il a aussi été président du Club de Chasse et de Pêche du Grand Lac.
Joseph Laurin, fils de Joseph Laurin et de Mary Ann Williams, est né le 3 juin 1859 à Pointe-Gatineau. Il épouse Amandine Rathier, fille d'Emmanuel Rathier et de Sophie Mété, le 3 juillet 1883 à Pointe-Gatineau. Amandine donne naissance à 8 enfants.
Joseph a été maire de Templeton-Ouest de 1894 à 1897. Il est le premier maire francophone de Templeton-Ouest. Il a été agriculteur au cours de sa vie, possédant entre 500 et 600 acres de terre. Il décède le 14 décembre 1931 à l'hôpital Sacré-Cœur de Hull et il est inhumé au cimetière de Pointe-Gatineau. Son épouse Amandine décède le 18 août 1934 à Templeton-Ouest.
Édouard Laurin, fils de Joseph Laurin et de Mary Ann Williams, est né le 11 juin 1861 à Pointe-Gatineau. Il est élu pour un mandat de trois ans conseiller municipal de Pointe-Gatineau le 14 janvier 1901. Édouard ne se représente pas aux élections du 11 janvier 1904. Après la démission de Mazenod Lafontaine, le conseil municipal de Pointe-Gatineau nomme le 13 octobre 1904, Édouard conseiller municipal. Édouard n'ayant pas participé aux rencontres du conseil municipal depuis plus de trois mois, le conseil municipal déclare le poste de conseiller d'Édouard vacant le 20 février 1905. Édouard demeure célibataire. Il décède le 1er novembre 1914 à Pointe-Gatineau.
Louis Laurin, fils de Joseph Laurin et de Mary Ann Williams, est probablement né le 27 décembre 1865 à Pointe-Gatineau. Il épouse Ursule Smith, fille de William Smith et Ursule Rocbrune dite Larocque, le 12 août 1890 à Pointe-Gatineau. Ursule donne naissance à deux enfants. Le 5 novembre 1900, Louis démissionne de son poste d'auditeur pour la municipalité de Pointe-Gatineau et accepte le poste de conseiller municipal. Au recensement de 1901, on le dit commerçant de bois.
Le 5 mai 1902, Louis obtient un certificat d'hôtel de la municipalité de Pointe-Gatineau. Il ne peut plus légalement siéger comme conseiller municipal. Il donne sa démission et le conseil municipal le remplace par Joseph Charles Taché. Son hôtel est connu sous le nom de Balmoral. Le 25 avril 1911, la municipalité de Pointe-Gatineau prend la décision de n'accorder aucun certificat d'hôtel. En juillet 1911, pour faire suite à une pétition des citoyens demandant des hôtels, le conseil municipal ne change pas d'idée et maintient sa décision du mois d'avril. L'année suivante, le conseil accorde cinq permis de vente de boissons et spiritueux, dont un permis pour Louis Laurin. Il continue d'opérer l'hôtel Balmoral jusque vers l'année 1915 alors que le 29 juin 1915 il est déclaré dans un acte notarié comme étant un ancien hôtelier.
En 1907, Louis achète de Fred R. Ginn une collection de timbres rares pour la somme de 1 000 $. Des cambrioleurs réussissent à ouvrir le coffre-fort de Louis et le vide. Suite à ce vol, Louis décide de ne pas payer les timbres au vendeur. Fred R. Ginn poursuit Louis afin d'être payé pour la vente de timbres. Le 6 novembre 1907, le juge Guérin condamne Louis à payer sa dette envers Fred R. Ginn.
Louis est un collectionneur de bouquins, de reliures et de vieilles éditions d'histoire canadienne et américaine dont plusieurs font maintenant partie de la collection d'Archives Canada. Après la vente de l'hôtel, il déménage à Ottawa. Quoiqu'il soit agent d'assurance, il se consacre à sa passion et Louis est fréquemment consulté par les bibliothèques universitaires et publiques du Canada et des États-Unis. Il décède le 22 septembre 1931 à Ottawa et son épouse Ursule décède le 26 février 1941 à Fairfield, Maine, États-Unis.
Eugène Laurin, fils de Joseph Laurin et d'Amandine Rathier, est né le 5 août 1890 et il est baptisé le 10 août sous les prénoms de Louis Eugène Jean à Pointe-Gatineau. Il épouse Éva Pelletier, fille de Napoléon Pelletier et de Priscille Blais, le 14 octobre 1921 à Pointe-Gatineau. Éva donne naissance à au moins quatre enfants. Eugène est conseiller municipal de Templeton-Ouest de 1928 jusqu'au 14 mai 1932. Eugène décède le 1er décembre 1935 à l'hôpital Sacré-Cœur de Hull.
François-Xavier Laurin, fils de Joseph Laurin et d'Amandine Rathier, est né le 12 août 1892 et est baptisé le 14 sous les prénoms de François-Xavier Clovis à Pointe-Gatineau. Il a été élu par acclamation conseiller municipal de Templeton-Ouest le 11 mai 1938. Il est conseiller jusqu'au 10 mai 1950. Il demeure célibataire et décède le 17 février 1972 dans un hôpital de la région. Il est inhumé le 21 au cimetière de Pointe-Gatineau.
Dans la toponymie de la ville de Gatineau, le nom de la famille Lorrain apparait six fois; deux fois sous Lorrain, deux fois sous Docteur-Jean-Lorrain et deux fois sous Roméo-Lorrain, mais aucun de ces noms sont reliées à la famille de François Laurin.
Sous le nom de famille Laurin, il y a le nom de François-Laurin, François-Xavier-Laurin et celui de Marie-Laurin. Le nom François-Laurin a été refusé à cause d'une homonymie partielle avec la rue François-Morin. Le nom Marie-Laurin est disponible, mais n'a pas encore été attribué. Celui de François-Xavier-Laurin est disponible, mais n'a pas encore été attribué. À ma connaissance François n'a jamais porté les prénoms de François-Xavier Laurin. François est baptisé sous le prénom de François, marié sous le prénom de François et inhumé sous le prénom de François. Il est possible qu'il y ait une confusion avec son fils François-Xavier
François Laurin et son épouse Marie Laurin, ont eu une nombreuse descendance qui s'est multipliée à Gatineau au cours des années sous de nombreux patronymes. Malheureusement, aucun nom dans la toponymie de la ville de Gatineau ne souligne l'apport de ces deux personnes dans le développement de la ville de Gatineau. Étrangement, le nom François-Laurin est refusé à cause d'une homonymie partielle et pourtant la toponymie de Gatineau a les noms Lorrain, Roméo-Lorrain et Docteur-Jean-Lorrain en double. Ce n'est pas obligatoire que ce nom soit attribué à une rue, il pourrait être attribué à un parc, un édifice ou autre lieu à Gatineau. François a probablement été le premier maire francophone du canton de Templeton. Il mérite donc son nom dans la toponymie de la ville de Gatineau.
1 En anglais Broken Front.